Les origines de la cohorte Gazel

En janvier 1989, Electricité de France (EDF), Gaz de France (GDF) et l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) s'associaient pour lancer un des plus importants projets français de recherche épidémiologique : la cohorte Gazel. Le partenariat établi entre ces grandes entreprises vouées au service public et le plus important organisme de recherche médicale français avait pour but de mettre en place un véritable laboratoire humain épidémiologique, instrument scientifique au service de la recherche médicale. Dès 1992, la Caisse centrale d'activités sociales du personnel des industries électrique et gazière (CCAS) s'est associée au projet, ce partenariat impliquant également les Caisses Mutuelles Complémentaires et d'Action Sociale (CMCAS), marquant ainsi l'intérêt que ces organismes portent à la santé de leurs bénéficiaires. Plus récemment, l'Assurance Maladie, et notamment ses Centres d'examens de santé, et la Caisse d'assurance maladie des industries électriques et gazières (Camieg) sont également devenus des partenaires de Gazel.

La responsabilité scientifique et technique de ce projet a été confiée à l'Unité 88 de l'INSERM (devenue depuis Unité 687, aujourd’hui UMS 11), en coopération avec les Services médicaux d'EDF et GDF, les CMCAS et la CCAS.

La cohorte Gazel, qui permet de suivre pendant une très longue durée l'état de santé et les principaux facteurs de risque d'un vaste échantillon d'agents d'EDF et de GDF, est destinée à favoriser la réalisation d'études épidémiologiques portant sur des thèmes variés, en offrant aux équipes de recherche françaises ou étrangères un accès à des données nombreuses et à une logistique particulièrement complète.

Une population particulièrement favorable à l'observation épidémiologique

Aujourd’hui, la totalité des participants de Gazel est retraitée et les données correspondant à l’ensemble de la carrière des agents volontaires sont disponibles pour des études permettant un suivi de très longue durée. La collecte des ces données a bénéficié du fait qu’au moment de la mise en place de la cohorte, EDF et GDF offraient des circonstances exceptionnellement favorables à l'observation épidémiologique : population vaste et diversifiée selon de nombreux facteurs, et quelques 145 000 salariés, répartis sur tout le territoire national, exercent des métiers variés. Grâce à leur statut, les agents d'EDF et de GDF constituent une population particulièrement stable, qui continue d'être suivie par l'entreprise après le départ en inactivité. Diverses études ont montré que cette population présente le même profil épidémiologique que la population française, concernant la morbidité et la mortalité.

Les services médicaux d'EDF et GDF exerçaient un suivi remarquablement complet de la santé des salariés : 180 médecins du travail surveillaient les agents dans leur environnement professionnel, et 120 médecins-conseil du régime particulier de Sécurité Sociale de l'entreprise les suivaient en cas d'absence pour raison de santé. Ce corps médical, motivé et intégré à ces entreprises, a constitué un partenaire incomparable pour l'épidémiologie. Les services médicaux ont mis en place un système d'information permettant l'enregistrement permanent des principaux problèmes de santé des salariés, de leurs conditions de travail et de leurs expositions professionnelles. De même, la CCAS et les CMCAS, qui servent les prestations de santé à leurs bénéficiaires jouent un rôle particulièrement important, particulièrement maintenant que tous les volontaires sont retraités.

L'infrastructure informationnelle d'EDF et GDF offrait également une aide considérable pour l'observation épidémiologique grâce notamment aux fichiers informatisés des services du personnel permettant le suivi permanent des agents et des principaux éléments de leur vie socio-professionnelle. Les retraites étant versées par l'entreprise, les agents d'EDF et de GDF restent en relation avec le service des pensions après leur départ en inactivité, ainsi qu'avec leur CMCAS et la CCAS, ce qui présente le très grand avantage d’éviter les perdus de vue.